Le sexe des infectés, 3eme partie: les hommes et le COVID19
Bonjour chères lectrices et lecteurs
Je reviens encore sur cette série de travail sur ‘’le
sexe des morts du covid19’’. Vous pouvez voir les précédants articles pourquoi
nous devons nous intéresser au sexe des personnes atteintes par le covid19. Comme
nous l’avons dit : Avec la COVId19, la question sur ‘’le genre et la
santé’’ nous rattrape en force et nous nous rendons compte que les hommes, les
femmes, les filles, les garçons, les vieux, les jeunes, les très jeunes ne sont
pas égaux face à la maladie.
Ce n’est pas une découverte, il était déjà connu depuis belle lurette que les divers groupes sociaux y compris repartis par sexe/âge, ne sont pas égaux face aux maladie, encore plus face aux épidémies. En effet, les normes de Genre sont pour une large part, à la base des différences que l’on constate dans les incidences chez les hommes et/ou chez les femmes sur différentes maladies et cela s’accentue durant la pandémie.
Nous avons commencé par parler de l’impact sur les
femmes et nous en avons conclu que les quelques éléments
discutés montrent déjà à suffisance que les femmes sont affectées socio
économiquement de manière différente que les hommes. Et donc on ne peut pas ne
pas tenir en compte ces éléments lorsque l’on écrit des plans de riposte.
Aujourd’hui les questions qui nous préoccupent dans
notre article sont les suivantes : Mais qu’est ce qui se passe alors chez
les hommes ? Comment vivent-il cette situation liée à la pandémie ?
comment sont-ils touchés ?
En matière de prévention, il se démontre que les
hommes ne sont pas en première ligne.
Dans cette étude menée en France en mai 2020, les
hommes étaient plus nombreux que les femmes à penser que ‘’la situation semble exagérée’’.
En effet, dans une étude, à lire ici, il est révélé
que les hommes portent moins le masque. Alors qu’au même moment il y avait 74%
des patients hommes en réanimation et seulement 26% des femmes, les hommes se
sentaient étrangement non concernés. Les raisons pour lesquels ils ne portaient
pas le masques étaient : ‘’pas cool’’, c’est une obligation, etc. Aux
états unis, la consigne du port de masque a même été interprétée comme une
atteinte à la liberté fondamentale des individus et plusieurs hommes ont eu des
réactions très violentes allant parfois jusqu’au meurtre.
Au sud-Kivu, une organisation dite de la société
civile avait appelé à marcher contre le port du masque en avril-mai 2020,
estimant que c’était une violation des droits humains et une imposition contre
la population.
En ce qui concerne l’incidence, il est rapporté que
les hommes sont plus infectés que les femmes, bien que ces dernières soient les
plus impliquées dans les soins et la prise en charge des malades. Par exemple
au Burundi, le rapport du ministère renseigne que le ratio est de 2/1 (deux
hommes touchés contre 1 femmes).
Qu’est ce qui explique cela ?
Raisons biologiques ?
Autant la biologie a été invoquée (avec preuves) sur
le fort taux des femmes victimes du VIH, autant elle revient en force pour
expliquer pourquoi les hommes sont plus atteints à la covid19. Une explication
serait selon le Lancet due au fait que les femmes développeraient deux fois
plus une immunité du fait de leur deuxième chromosome X. Une autre étude
médicale informe que les œstrogènes sont impliquées dans le développement de
l’immunité face au SRAS (une maladie très proche de la COVID19) https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/15485092/
Raisons sociales liées au comportements ?
Certaines pratiques montrent aussi que les femmes se laveraient deux fois plus que les hommes, en général. De même que les mains, les femmes ont tendance à se les laver deux fois plus que les hommes, ce qui pourrait expliquer le fait qu’ils se contaminent plus ? Une étude menée en chaine dans le but de prédire ce qui se passerait en Italieconfirme hélas que le ration H/F est de 80%-20% en soins intensifs, du au COVID19.
En ce qui concerne les retombées des mesures sur la
vie des hommes, rappelons que les hommes ne sont pas aussi un groupe homogène. Dépendant
du niveau socio-économique, les hommes ont été fortement secoués dans leur
masculinité et leur place dans la société de manière diferente.
Certains ont perdu leur emploi, surtout ceux œuvrant dans
l’informel ou dans des emplois précaires. Pour la pandémie de la Covid-19, les
suicides masculins ont bondi par exemple en Inde, en lien avec la perte
drastique du travail, les accidents, mais aussi la consommation excessive de
l'alcool. Les hommes meurent plus directement ou indirectement du COVID19 !
en discutant avec certains hommes, ils ont été
nombreux à me parler du découragement et des frustrations qu’ils avaient face
aux mesures prises par les autorités. Alors que beaucoup des femmes me
semblaient plus optimistes certaines résignées, les hommes semblaient parfois
en colère et très frustrés 8 plus que les femmes9 par ce sentiment d’imposition
des mesures. Je suis dans plusieurs groupes qui traitent de la politique et des
groupes des médecins, et les discussions autour de la vaccination déclenchaient
des passions ou c’était plus les hommes qui réagissaient très fortement. Je me
suis demandée si cela n’est pas aussi lié à la manière dont les hommes sont
socialisés dans nos sociétés ? ces derniers ne sont pas souvent encouragés
à manifester des émotions sauf la colère. Et c’est peut-être ainsi qu’ils
expriment facilement leur frustration ? Des études dans ce sens seraient
les bienvenues.
Pour conclure cette série des articles sur le sexe des
personnes infectées, disons que la covid19 n’est pas neutre sur la question du
Genre ; bien que tout le monde se retrouve infecté, les femmes subissent
de plein fouet les questions d’inégalités liées au genre qui s’exacerbent du
fait de leur statut d’inferieure qui reste encore courant. Ceci se manifeste notamment
le viol de leurs droits, les questions de violences basées sur le genre qui
augmentent, le trop plein de charge des taches ménagères, la pauvreté qui se féminise
et l’exclusion des instances de prise de décision. Les hommes de leurs coté se
retrouvent pour certains plus que les femmes dans une sorte de déni qui
favorise leur augmentation des cas incidents, une fragilité probablement
expliquée biologiquement et meurent deux fois plus que les femmes.
Ceci implique que les actions de prévention et de réponse
tant du point de vue médical (prise en charge) que du point de vue social devront
être adaptées en tenant compte de cette vulnérabilité différenciée des hommes
et des femmes. Les études actuelles doivent tenir compte aussi de ces différences
tant dans l’expression de la maladie que dans les réactions des hommes et des
femmes et s’y pencher sérieusement pour adapter les protocoles en matière de réponse.
Merci et à bientôt.
Aziza
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