Santé et Genre: Les femmes et la COVID19

Bonjour Cher lecteur,

 Dans cette série d’articles portant sur le genre et la santé, en lien avec la pandémie à la COVID19 essentiellement, j’ai commencé par une introduction à lire ici  

Nous y avons rappelé que les (pan) (épi) démies avaient des effets différents sur les hommes et les femmes avec quelques exemples sur le VIH, l’Ebola et même quelques maladies comme le cancer du poumon. Notre objectif en écrivant ces lignes, ne consiste pas à uniquement démontrer qui est le plus vulnérable face à la pandémie. Il s’agit surtout de comprendre comment cette vulnérabilité se manifeste-t- elle pour diverses actégories sociales et quelles devraient être des mesures à intégrer dans les plans de ripostes et de contingence dans le but de réduire cette vulnérabilité tant pour les hommes, les femmes, les filles et les garçons.

Dans cet article-ci, je vais réfléchir avec vous sur comment les femmes sont impactées par la COVID19 et les mesures y afférentes (confinement, distanciation, réorganisation etc).

 L' ONUFEMME revient en mars 2020, sur les questions des femmes telles qu’elles vivent la COViD19 en Afrique centrale et de l’Ouest à lire ici. Nous nous sommes aussi basés sur les discussions ave nos partenaires de terrain ainsi que plusieurs audit de securité portant sur la situation des femmes face à la pandémie à la COVID19. Et, hélas, un certain nombre des constats se fait voir :

- une augmentation des cas de violences sexuelles et basées sur le genre, avec des risques de protection. En effet, il se constate que les femmes n’arrivent pas à négocier avec leurs partenaires des rapports sexuels protégés, mais aussi il se constate une augmentation des situations de violence conjugale.  Une femme avec qui je discutais avant d’écrire cette série d’articles, me disait : ‘’le dictateur reste maintenant à la maison, on ne peut plus lui échapper…’’ en parlant de son mari confiné à la maison qui lui menait la vie dure à elle et aux enfants. Les jeunes filles se voient encore sous le joug multiple des parents, frères et autres ‘’responsables’’ qui les contrôlent encore plus avec de la violence physique et même des viols.

 -les filles sont impactées autrement: elles se retrouvent dans une situation ou elles doivent aider aux questions de travail domestiques, ce qui renforce encore la segregation sexuelle du travail. Et pour certaines, c'est pratqiuement le debut de l'abandon scolaire.

- les services de santé reproductive sont réduits parfois annulés. Hé oui, plusieurs programmes offrant la contraception ont vu leurs budgets être réorientés vers des activités de prévention/ sensibilisation anti COVID19. Ce n’est pas mal en soi, mais c’est assez étrange que ce soit plus les questions de contraception et de santé maternelles qui aient été les premiers à être réduits. Occasionnant ainsi une flambée des grossesses non désirées et aussi des IST.

 - les activités génératrices de revenus pour les femmes vivant au jour le jour : plus que les hommes, ce rapport démontre que les femmes, qui sont plus nombreuses dans l’informel, se sont vues démunies du jour au lendemain. Travaillant sans protection sociale dans les petites activités économiques, elles ont vu drastiquement chuter leurs revenus. Même celles qui travaillent dans le secteur formel ont été ‘’encouragées à prendre des congés pour s’occuper de leurs époux et familles’’ avec parfois des conséquences sur leurs vies professionnelles (depuis la non-participation à la prise des décisions stratégiques jusqu’au licenciement parfois).

 - les mouvements transfrontaliers avec des abus : dans la région des grands lacs, les femmes congolaises, burundaises, rwandaises sont en première ligne sur le petit commerce transfrontalier. Elles vendent de tout et traversent les rivières Ruzizi pour aller d’un pays à l’autre vendre, visiter la famille etc. la fermeture des frontières a cassé ce mouvement et certaines se sont engouffrées dans des aventures dangereuses pour traverser via des ‘’njia ya panya’’ ( trous de souris) frauduleusement. Une étude menée par la benevolecija, dont l'emission peut être suivi sur ce lien, a expliqué comment les femmes en particulier étaient atteintes. AFEM/ Sud-Kivu a aussi collecté quelques informations de la part des femmes qui avaient été obligées d’octroyer des faveurs sexuelles à des policiers, des hommes armés, ou des membres de milices dans ces pays, afin de traverser les frontires soit pour se retrouver en famille ou alors écouler leur marchandise, à moins que ce ne soit pour recouvrer les dettes des marchandises précédemment vendues à crédit. Tout ceci a contribué à hausser leur vulnérabilité.

 - l’augmentation de la charge relative aux responsabilités et aux soins. Beaucoup des femmes se sont plaintes du trop-plein de travail qui a découlé du confinement. Surtout à la maison, les tâches domestiques se sont alourdies, plus de lessive, plus de cuisine à faire, plus de surveillance d’enfants. Pour d’autres, il a fallu aussi devenir maîtresse d’école, et s’adapter à concilier leur vies privées et vie professionnelles pour celles qui ont dû travailler en ligne. Des copines m’ont avouée qu’elles n’en pouvaient plus, surtout celles dont le mari/conjoint n’a pas su aider aux tâches domestiques. ‘’ Il n’arrête pas de tout contrôler et avoir des exigences sur les plats, la cuisine, etc’’ me disait une jeune femme exaspérée.

 - l’exclusion des espaces de prise de décision, se rapportant aux mésures de la riposte antiCOVID19, y compris dans les hôpitaux alors que ce sont les femmes qui étaient en première ligne : dans plusieurs groupes de travail, il a été noté une nette majorité si pas exclusivité masculine dans les réunions de coordination, ce qui a impacté aussi l’écriture des plans de contingence et ensuite de la riposte. La majorité de ces planifications n’ont pas tenu des considérations spécifiques aux inégalités des sexes face à la pandémie. Pourtant les femmes ont un rôle prépondérant dans la communauté que ce soit dans les soins comme nous l’avons vu, ou dans la surveillance de survenue des cas.

 - Absence d’information ciblant les femmes, ou adapté aux besoins spécifiques des femmes : plusieurs enquêtes et études ont démontré que beaucoup des mères allaitantes ne savaient pas quoi faire lorsqu’elles avaient été en contact avec un cas (COVID19 ou même Ebola) ni comment se comporter avec leur bébé ; et elles ressentaient de la culpabilité si jamais le bébé tombait malade. Les jeunes filles n’osent pas non plus se renseigner sur ce qui se passerait en cas de menstruation et si elles sont en quarantaine. Certaines actions humanitaires n’avaient pas prévu des kits de bande hygiéniques pour femmes en menstruations.

Ces quelques éléments montrent déjà à suffisance que les femmes sont affectées socio économiquement de manière différente que les hommes. Et donc on ne peut pas ne pas tenir compte de ces éléments lorsque l’on écrit des plans de riposte. En réalité, il est important de comprendre que les épidémies/pandémies/ autres maladies ne créent pas des inégalités mais renforcent ou éxacerbent les inégalités et autres rapports sociaux difficiles pré-existantes. 

 Nous y reviendrons dans l’article concluant cette série ‘’Genre et santé’’.

Mais alors, qu’est ce qui se passe  chez les hommes ? Comment vivent-il cette situation liée à la pandémie ? Comment sont-ils touchés ?

Nous reflechirons ensemble sur ces questions importantes dans mon prochain article.

Protégez-vous bien !   

Aziza

Commentaires

  1. En attendant les conclusions de ce merveilleux article, je te félicite et encourage pour la suite. Les hommes auraient des réponses aux questions posées à la fin. Mettre un accent sur les élèves filles précocement enceintées pdt le confinement. Courage chère amie. J

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  2. En reduisant ou en supprimant le budget du service de reproduction, c'est bombe a retardement sur les generations futures. Plusieurs grossesses précoces sont répertoriées.

    Des jeunes filles qui se retrouvent desormais sans accès à l'école, sans programme de sensibilisation accru.

    Merci pour le blog.

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