Commencer un projet en Santé Reproductive: Pérenniser les services
Bonjour Chers activistes en santé reproductive,
Nous entamons le troisième et dernier article de cette série sur ''comment commencer un projet en santé reproductive''. Cette partie se focalisera surtout sur la troisième question qui était:
- comment s'assurer qu’après notre appui, l'offre des services ou les besoins en Santé Reproductive de nos bénéficiaires seront couverts?
Pour rappel, nous avions en premier parlé du cadre dans lequel devrait évoluer notre nouveau projet, article que vous pouvez lire ici: http://fleursdesgrandslacs.blogspot.com/2015/08/commencer-un-programme-ou-un-projet-de.html
Ensuite nous avons parlé des services: comment assurer leur disponibilté et la qualité de l'offre des soins, article que vous pouvez lire ou relire : http://fleursdesgrandslacs.blogspot.com/2015_10_01_archive.html
En règle générale, la pérennité des services
dépend de l'existence ou pas d'une stratégie de sortie, ou encore le
scaling up comme l'appellent certains, et nous encouragerons chaque activiste
qui mets en œuvre un projet d'avoir toujours à l'esprit le bien fondé de développer
et appliquer graduellement cette stratégie. Des experts peuvent être recrutés à
cet effet, mais aussi des réflexions en interne et avec la population
bénéficiaire peuvent déboucher sur une parfait stratégie de sortie, car
adaptée aux réalités locales et délicates.
La santé reproductive comme vous aurez
à le constater, est très dépendante du travail communautaire. Bien que la
majorité des services offerts le soient dans des structures hospitalières, il
faut être conscient que l'adhésion aux services de Santé Reproductive requiert
l'acceptation de la communauté et des populations. Ce sont ces dernières
qui seront l'élément clé de la pérennisation comme nous allons en discuter tout
à l'heure.
Tout d'abord la pérennité des services dépend
de plusieurs facteurs et beaucoup des manuels que vous pouvez trouver sur Google
ou sur le site de l'OMS peuvent en parler. Moi je vous donne mon opinion sur le
sujet:
1. Les termes à la mode sont souvent la
durabilité des services, qui selon plusieurs manuels dépendent de l'alignement:
en effet, s'aligner à une politique nationale existante et travailler avec
le système national pour assurer l'intégration des services permettra à ce
que vos interventions soient garanties même après la clôture du projet. Néanmoins,
selon mon expérience l'alignement n'est que de la théorie et ne marche que si
la volonté politique est là, active. C'est seulement à ce niveau que l'on
peut espérer voir se pérenniser les actions car financées maintenant via un
mécanisme soutenu par les autorités.
2. Mais en concret, je propose souvent de se
focaliser sur les communautés et les structures communautaires, qui peuvent ou
pas être des structures officielles, mais qui œuvrent dans les
communautés. Par exemple, il est très peu productif de faire beaucoup
d'efforts au niveau des politiques (tout en sachant pertinemment que même si la
politique passe il n'y aura pas de budget pour soutenir les actions) que
d'investir dans des femmes et des hommes qui eux travaillent dans les communautés
déjà. En cas de choix (pour des questions budgétaires par exemple) il
vaudrait encore mieux miser sur les structures communautaires et
renforcer.
Si vous voulez en savoir plus sur comment
travailler avec des communautés pour pérenniser des services de santé, referez-vous
à ces conseils de l'OMS http://www.health4africa.net/prestation-des-services-de-sante/lapproche-communautaire-en-sante-comment-en-faire-une-realite-au-niveau-du-district-sanitaire/
Travailler avec des structures communautaires
peut inclure de travailler avec des groupes des femmes existants, des centres
de santé, des ONG locales ou à base communautaire. Travailler avec des
jeunes qui sont souvent très engages et motivés parce que naturellement curieux
et avides d'agir peut être une bonne porte d'entrée.
Si vous êtes intéressé aux
principes de travail sur les adolescents et jeunes, voici un manuel facile de compréhension
que propose ici l'OMS http://www.who.int/maternal_child_adolescent/documents/cah_adh_flyer_2010_12_fr.pdf?ua=1
Les structures à base communautaires n'incluent
pas seulement celles de la société civile ou des organisations de volontaires.
On peut aussi très bien cibler les organisations religieuses (mais alors il
faudra être prudent sur les thèmes à développer et les thématiques au vu
de la réticence des religieux à s'engager dans le domaine de la Santé Sexuelle
et Reproductive). Les organisations religieuses offrent l'avantage d'être
fortement implantées dans les communautés et avoir des mandats bien ciblés sur
les vulnérables. Les thématiques qui ont plus de chance sont celles axées sur les
IST/ VIH/ SIDA, le changement de comportement, l'offre de service dans les
formations sanitaires se rapportant aux soins. Mais il faut rester prudent quant
à ce qui est de leur engagement dans le domaine de la planification familiale
et plus précisément la contraception et l'avortement.
Outre les structures religieuses, on peut aussi
se baser sur les structures finances ou appartenant aux services étatiques. Au
Burundi, il existe des CDFC (Centre de développement éecommunautaire de la
famille ) qui sont des postes avancés du ministère, ayant le Genre dans ses attributions, dans les
communautés qui ont aussi pour tâche de coordonner les efforts et mener des
plaidoyer pour la mise en œuvre des actions dans les communautés. Ces CDFC sont une très bonne porte d'entrée pour une stratégie de durabilité des actions.
Un troisième aspect, après l'alignement et
l'appui aux structures communautaires, sera de développer la conscientisation
du besoin au sein des populations desservies. Il ne faut pas ignorer le fait
que tout projet, toute action doit répondre à un besoin identifié, mais aussi
ressenti par les bénéficiaires.
En effet, les personnes mettront tout en œuvre
pour satisfaire un besoin qu'ils considèrent comme prioritaire. Mon conseil est
que vos actions dans les communautés doivent être chaque fois accompagnées des
actions de conscientisation (qui vont au-delà de la simple sensibilisation)
afin que les bénéficiaires soient non seulement convaincus du bien-fondé des
actions en leur faveur mais surtout qu'ils définissent leur propre rôle et actions dans la recherche des
solutions à leurs besoins. Il s'git ici non seulement des individus, comme les membres d'un ménage, mais aussi des personnes clés comme des infirmiers titulaires, des leaders communautaires; ou encore des structures clés comme les groupes des femmes, ou les comités de santé, etc.
Pour conclure, les points
clés pour assurer la pérennité des services après la fin de vos interventions
financés sont:
- développer une stratégie
de sortie (via un expert ou en collaboration avec les équipes du projet et les bénéficiaires)
et s'y appliquer depuis le début des interventions.
- s'aligner autant que
possible aux politiques existantes et si besoin est, mener un plaidoyer pour l'intégration
des services dans le système national
- s'appesantir sur le
renforcement des capacités et l'indépendance (face au projet) des structures
communautaires qui peuvent être des OAC, religieuses ou même soutenues/ représentant
l'état mais œuvrant dans les communautés.
- s'efforcer de
conscientiser individuellement les bénéficiaires finaux ( personnes, structures, institutions, etc) à tous les niveaux pour
qu'ils se prennent en charge eux-mêmes, bien qu'en l'absence des services
subventionnés.
Tels sont mes conseils pour
ce point.
Nous avons donc fini la série des articles sur
ce thème: "commencer un projet en santé Reproductive". Je reste à
votre disposition pour des informations et discussions. A très bientôt.
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