LES VIOLENCES QUE SUBISSENT LES HOMMES DE PAR LEUR GENRE
Dans ce deuxième article de la série sur l’engagement
des hommes dans la lutte contre les violences sexuelles et basées sur le genre
(VSBG), j’ai proposé de discuter sur cette figure qu’on voit moins : les
hommes comme victimes (ou survivants) des violences sexuelles et basées sur le
genre.
En effet, cet aspect est peu visible. Dans mon article
précédent, nous avons noté que la plupart des statistiques montrent que la
majorité ou presque la totalité des cas recensé des violences à l’encontre des
femmes sont perpétrés par des hommes.
Pourtant il ne s’agit là que des cas rapportés et non
de la réalité.
Les hommes sont effectivement des survivant aussi des
violences.
Dans le cadre de mon travail en tant que coordonnatrice
(vous pouvez lire mon profil ici) du programme psychosocial régional, j’ai eu à
analyser le travail de nos partenaires de mise en œuvre sur l’accompagnement
des hommes comme survivants. Je me préparais ainsi à faire un exposé sur cette thématique.
Voici ce qu’il ressort :
1. Les hommes sont
aussi des survivant des violences sexuelles et basées sur le genre. bien qu’il
soit difficile de connaitre le nombre des hommes survivants ou victimes de
violences sexuelles et basées sur le genre, nous devons admettre que beaucoup d’hommes
recherchent de l’aide cotre des violences sexuelles subies. Dans notre programme,
nous en avons de 1,3% à 15% dépendamment des projets qui viennent demander de l’aide
(soins medicaux, accompagnement psychologique et sociale etc) pour des
violences subies.
-2. les
types de violences subies par les hommes sont multiples et variés :
cela peut aller depuis les agressions verbales jusqu’au viol proprement dit. Dépendant
des agresseurs nous pouvons classifier les violences subies par les hommes
comme suit :
a. lorsque les hommes citent les femmes comme
agresseurs/autrices de violences : dans ce cas, les violences s’expliquent
ou sont favorisé par un pouvoir d’achat pour certaines femmes, par un besoin irrépressible de satisfaire
le désir sexuel, par des croyances ésotériques / occultes, par vengeance pour
les cas de transmission des IST incurables ou les agressions physiques.
Ces violences sont dans ces cas des : Viol chez
les petits garçons (femmes de l’entourage ou des domestiques) ; des cas d’exploitation
sexuelle des jeunes garçons et jeunes hommes par femmes mures et riches ; des
cas de sexualité forcée ; des cas de harcèlement sexuel sur des maris
(rapports sexuels tout le temps et pendant un long temps) ; nous avons
aussi des cas des hommes battus par leurs femmes ; et des cas de tortures
sexuelles par vengeance (bruler les parties génitales avec huile ou de l’eau chaude ) ; les hommes
parlent aussi des actes des femmes menant à la sexualité (donner des boissons
alcoolisées aux hommes pour qu’ils perdent le contrôle par exemple); et
beaucoup rapportent des insultes sexuelles et autres types d’humiliations dans
le couple. Un bon nombre rapportent aussi des cas de refus de la sexualité
(abstinence forcée) qui sont vécus comme de la violence sexuelle par certains époux.
b. lorsque les hommes cites d’autres hommes comme
agresseurs /auteurs de violences : Il s’agit souvent des cas d’agression
se déroulant dans des circonstance de non-respect de la personne humaine; d’un besoin
de rabaisser et dénigrer toute la communauté représentée par cet homme; Certains
cas aussi sont expliquées par une tendance d’homosexualité de l’agresseur qui
ne trouve pas de partenaire consentant et décident de violer d’autres hommes; Beaucoup
des survivants parlent aussi des cas de sorcelleries ou des croyances
ésotériques / occultes
Ces violences
sexuelles sont décrites comme : des viols par voie anale ; des tortures
ciblant l’organe sexuel (mutilations du Pénis, testicules), des intimidations à
commettre des actes sexuels en public comme une exigence d’éjaculer dans un
trou ou se masturber devant le public ; introduction des objets dans
différents orifices (la bouche, oreilles, anus…) et cela peut aller jusqu’aux castrations.
Certains hommes se
sont aussi plaints des attouchements, du Harcèlement et du voyeurisme
de la part d’autres homes. Les garçons mineurs et les enfants sont ici aussi
les plus touchés même si toutes les catégories d’âge ne sont pas épargnées.
c. D’autres situations sont recensées
dans la communauté sans etre attribués spécifiquement aux hommes ou aux femmes
comme agresseurs : ce sont les cas de Mariage
forcé, excitation des mineurs à la débauche, attentat à la pudeur,
humiliation de l’homme devant témoins sur ses performances sexuelles (porn
revenge, insultes publiques, rumeurs etc). Certains hommes face à une
impuissance sexuelle sont convaincus avoir été ensorcelés ou sous le coup d’un
sort maléfique qui expliquerait cela.
La plupart de ces agressions sexuelles se déroulent en
période de guerre et d’insécurité ou les questions de droits humains sont
bafoués ; dans des circonstances de vulnérabilité économique par exemple
lorsque l’homme est en recherche de travail et pour sauvegarder son travail ou
encore ayant besoin d’argent; dans de circonstance ou le survivant était en
situation d’ivresse et a pris (volontairement ou non) de la drogue ;
beaucoup aussi se sont plaint des situations de montage d’influence aux fins de
nuisance.
Dans certaines situations, lorsque les attentes élevées
que l’on a sur les survivants notamment sur des questions de masculinité, sont déçues,
alors il devient à risque de subir des violences sexuelles. Ainsi les époux non
performants sexuellement risquent de subir des pressions et de la violence
psychologique ; des combattants attrapés par les ennemis sont considérés
comme des perdants ; les prisonniers qui voient leurs droits bafoués :
et c’est là qu’intervient aussi l’agression sexuelle comme arme de guerre cette
fois contre l’homme.
3. Le programme offre
diverses formes de prise en charge notamment soit via
des centres de prise en charge, soit à domicile ou dans d’autres lieux appropriés.
Il peut s’agir de psychothérapie individuelle et de groupe (y compris les
groupes thérapeutiques d’hommes et garçons-les GTHG) ; des soins médicaux
surtout en cas de viol récent ; il arrive qu’un accompagnement juridique
dans des centres ou via des références soit approprié ; et pour les plus nécessiteux,
des actions des réinsertion grâce aux activités génératrices de revenus (AGR ).
Certains hommes demandent et bénéficient aussi d’un soutien Spirituel et pour
les cas où les violences sont commises par la conjointe des médiations pour les
problèmes conjugaux sont offertes.
4. Il est important
de souligner que la prise en charge des cas d’agressions sexuelles chez les
hommes ne se traite pas de façon identique que ce qui se fait
chez les femmes. U acteur de prise en charge me le répétait : « La
psychologie de la femme est différente de la psychologie de l’homme ». Un autre me
disait que « Généralement : les hommes semblent plus résilients que les
femmes », mais je m’interroge sur ce point comme vous allez le lire ci bas :
D’abord la prise en
charge des hommes requiert selon presque tous nos partenaires beaucoup de temps
et nécessite un espace/Cadre de prise en charge différentes parfois du centre.
Ceci parce que pour les hommes, l’expression de leurs histoires se fait difficilement.
Ils ne sont pas patients et en même temps leur expression est caractérisée par
la crainte du rejet social. Souvent les hommes survivant des violences
sexuelles exigent des prestataires de sexe masculin de préférence. Ils ont
besoin d’établir une forte relation de confiance pour arriver à une stabilité, ce
qui souvent demande beaucoup de rendez-vous et une garantie de confidentialité
absolue. Un défi dans cette relation est que la plupart des survivants hommes espère
une guérison / un rétablissement mécanique, immédiat, alors que cela prend du
temps. Il se démarque néanmoins que les hommes comptent plus sur leurs
ressources et proposent beaucoup de solutions, même si elles ne sont pas les
meilleures.
Tous les prestataires
m’ont affirmé qu’il est très probable que la majorité des hommes survivant de
viol et autres agressions sexuelles ne se présente pas au centre.
5. Beaucoup d’éléments semblent être des défis pour les
prestataires et l’offre de services aux hommes survivant de violences sexuelles :
a. les stéréotypes, normes
sociales et attentes à l'égard de la masculinité: socialement
considérés comme des personnes fortes, respectées, sans peurs (l’homme ne peux
pas tout exposer sa faiblesse,) les hommes ressentent de la honte, de l’humiliation,
face à ce qui leur est arrivé. Ils ont peur de se donner une identité de
victime de violence sexuelle et pour certains on constate des amalgames et
craignent d’être perçus comme un homosexuel s’ils parlent de viols subis ou encore
de leur faiblesse par rapport à la souffrance ressentie.
b. Il y a peu de
confiance dans les prestataires: Souvent perçus comme étant les sources de violences
domestiques, les hommes ne se confient pas crainte de ne pas n‘être pas cru
s’ils accusent les femmes auteures.
c. Système de prise
en charge inadaptés: en effet,
beaucoup des projets de lutte contre les violences sexuelles n’ont pas ciblés
les hommes généralement pour la prise en charge, et les prestataires sont souvent
féminins; ainsi les séances de conscientisation ou d’information n’ont pas été ‘’masculinisé’’
en faveur des survivants hommes.
d. la peur d’être
ridiculisé après avoir brisé le silence freinent
beaucoup d’hommes et certains ont avoué avoir craint des représailles qu’elles
soient réelles ou selon eux ‘’par la sorcellerie’’ que pourrait utiliser leur
bourreau.
Pur résumer cet
article nous devront retenir :
•
Les violences faites aux hommes existent même si
tabouisées et se commettent sur une base de déséquilibre de pouvoir. Elles sont
difficiles à combattre à cause des stéréotypes de genre et du poids du
patriarcat (masculinité hégémonique)
•
Travailler avec les hommes survivants requiert des
stratégies et des compétences additionnelles que celles utilisées
uniquement pour travailler avec des femmes survivantes. Les acteurs doivent
donc rester vigilants et renforcer leurs capacités d’offre de services et
adapter leurs méthodes de sensibilisations
•
Il faut des études fouillées pour documenter les
violences faites aux hommes, certes qu’elles ne sont pas connues, pour
augmenter les connaissances actuelles sur cette question et permettre une
adaptation des services actuellement existants
•
Les communautés et la population doivent comprendre
que les garçons nécessitent aussi une forme de protection contre la violence
sexuelle
J’espère que vous en
savez maintenant un peu plus sur les violences que subissent les hommes. Dans
mon prochain article, le 3eme dans cette série de l’engagement des hommes dans
la lutte contre les violences basées sur le genre, nous parleront de comment
impliquer plus des hommes à lutter contre les violences basées sur le genre
envers les femmes et les hommes. Nous nous concentrerons sur des facteurs qui
expliquent sans justifier la violence des hommes (et des femmes) mais surtout
comment impliquer les hommes dans ce combat pour un monde plus égalitaire.
À bientôt
Aziza
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